… baptisé ainsi en référence à la chanson de Pumbaa, le phacochère qui chante Akuna Matata dans le Roi Lion – la féérie de Disney n’y est pas pour rien non plus !
Le héros sympathique résout son problème relationnel avec une chanson et l’idée que tout va bien se passer, un optimisme débridé et sympathique qui parait tellement « Disney » (on oublie le mauvais côté et on profite), si proche de la quête de la vie vécue dans l’instant présent. On pense à Baloo du Livre de la Jungle : « Il en faut peu pour être heureux »…
Des jeunes et moins jeunes clients ont bien compris ces chansons et cet état d’esprit, d’autant plus lorsqu’ils sont entourés d’une famille qui leur répète à l’envi qu’ils ont tout pour être heureux, et que tout va bien pour eux, et que la gratitude doit nourrir leur existence.
Un problème se pose pourtant au niveau émotionnel, ce problème que je nomme « syndrome du phacochère » : puisque tout est pour le mieux, que faire de mes émotions ?
De nombreux clients ravalent leurs émotions qu’ils perçoivent inconsciemment comme considérées comme négative dans leur entourage (tristesse, colère, peur) parce qu’ils se disent qu’ils ont de la chance et qu’ils devraient être heureux… Les émotions, comme renfermées dans un gros ballon de plage que l’on essayerait de garder sous l’eau, finissent par exploser et la décompensation est parfois violente (cris, insultes, coups, menaces).
Cette confusion entre les émotions (qui font partie de notre équilibre psychique), leur expression et l’Ego (une sorte de morale qui nous dirait : « c’est mal, c’est égoïste d’être triste ou en colère ou d’avoir peur parce qu’on a de la chance de vivre dans ce pays, avec ces privilèges ») est destructrice et d’autant plus insidieuse qu’elle semble basée sur une philosophie positive.
Pourquoi ces biais de perception du bonheur obligatoire ? Souvent lorsque des souffrances font croire à la personne que contacter ses émotions risque de ne pas être vivable (et c’est une bonne stratégie de survie) ou lorsque la famille a pansé ses blessures dans un optimisme forcené qui a balayé par la même occasion toute expression émotionnelle. On peut regretter par la suite que notre enfant n’exprime pas ses émotions : il en est empêché sans le savoir (et cet interdit est donnée de façon inconsciente par nous, parents). Permettre aux enfants et parfois à certains adultes de restaurer leurs émotions passe par un travail si possible en étroite collaboration avec les parents et les proches, et n’est pas toujours possible lorsque l’on accompagne les clients en tant que coach : les psychologues font alors un travail qui peut être complémentaire du nôtre de façon très intéressante (en réalité c’est le travail de coach qui va accompagner celui des psychologues car je préférerais qu’un client soit suivi dans ce cas uniquement par un psychologue que par moi…).
Comme quoi avoir un entourage, des parents zen et très optimistes peut inhiber nos besoins émotionnels, nous culpabiliser et nous mener vers une violence tellement paradoxale qui devient une cause de souffrance (du phacochère sympathique et philosophe qui se doit d’être optimiste on se transforme en bête sauvage, submergé par le pire de nos émotions refoulées pendant si longtemps)…